Le projet d’atelier Lab Archimique propose une installation dans l’espace urbain délaissé qu’est le dessous du viaduc Van Horne. Logé dans cet interstice entre le ciel et la terre, le projet présente une réflexion critique sur les pratiques existantes et possibles de notre gestion hivernale utilisant les ressources situées directement au-dessus et en dessous du viaduc, soit le sel de déglaçage et la géothermie. Une architecture sensorielle et climatique comme outil de réflexion afin d’offrir un lieu de rassemblement et de contemplation au milieu de la ville.
À travers un procédé de récupération de l’eau salée du viaduc, l’installation cristallise ensuite le sel sur un système de cordes qui se métamorphose ainsi lentement, au fil du temps. Venant à sa rencontre du creux de la terre, un système de mobilier chauffant géothermique se déploie dans l’espace comme une solution microclimatique dans notre environnement urbain et comme une alternative durable de notre gestion hivernale. Le langage formel de tuyaux ainsi développé s’instaure comme une architecture-manifeste à la fois urbaine et géologique, chauffée et salée, déjouant le regard blasé que l’on porte sur des éléments familiers, mais mal-aimés du paysage urbain. À long terme, le projet propose la transformation du viaduc en une ligne de chaleur géothermique alimentant le quartier.
Le projet cherche à mettre de l’avant la géothermie comme ressource possible et favorable au contexte québécois. Instaurant un microclimat qui s’adapte naturellement aux rythmes saisonniers - de chauffant en hiver, le mobilier géothermique devient rafraîchissant en été - cette ressource sous-utilisée, présente partout sous nos pieds, est une forme d’énergie passive, ou “lente”, comparée au déploiement énergivore du transport de l’énergie hydroélectrique sur tout le territoire québécois.
La réflexion sur la temporalité nous pousse à penser le design comme une inférence dans un flux temporel où chaque décision se répercute à travers les échelles. Voir le projet de design comme un rouage dans un système plus grand met l’accent sur les interactions de celui-ci avec son environnement. Par ailleurs, le ralentissement à toutes les échelles favorise l’approfondissement de la réflexion sur les impacts de nos actions et peut ainsi mener à des décisions plus éclairées, plus durables.
